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Le potentiel des données ouvertes au service des entreprises

ENTREPRISES

Les données à vocation publique jouent un rôle fondamental, car elles constituent un système de référence pour l’ensemble de l’économie.

Les données à vocation publique présentent un très grand intérêt pour l’économie dans son ensemble et pour différents secteurs. Selon les estimations d’une méta-étude de 2016 axée principalement sur les pays à revenu élevé1, la valeur ajoutée brute des données publiques oscillerait entre 0,4 et 1,4 % du PIB. De même, certains produits de données à vocation publique ajoutent énormément de valeur à certains secteurs. Par exemple, la base de données d’adresses disponible en libre accès créée par le Danemark a généré des avantages économiques directs de l’ordre de 62 millions d’euros (plus de 450 millions de couronnes danoises) entre 2005 et 2009, soit un retour sur investissement significatif au vu des 2 millions d’euros investis (environ 15 millions de couronnes)2. Cet exemple est pertinent pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, où l’absence d’adresses et de base de données comportant ces informations constitue un obstacle à la mise en place de services de transport et de logistique qui en dépendent.

Créer de la valeur grâce aux données à vocation publique

Des entrepreneurs créent de la valeur en utilisant des données à vocation publique de la même façon qu’ils le font avec d’autres types de données. Premièrement, les entreprises utilisent les données à vocation publique pour améliorer leur fonctionnement. Par exemple, aux États-Unis, des commerçants combinent des données tirées de l’enquête sur les communautés américaines (American Community Survey) à leurs propres données commerciales pour répartir leurs stocks au niveau régional3. Pour ce qui est de leur fonctionnement, les entreprises utilisent notamment des données sur les prix pour établir les salaires et les indemnités4. Deuxièmement, les entreprises utilisent des données à vocation publique pour élaborer de nouveaux produits ou services, dont des services de recherche et d’analyse5. À titre d’exemple, le secteur mondial de l’analyse énergétique s’appuie sur des données issues du service américain d’information sur le marché de l’énergie (Energy Information Administration) pour suivre les modes de consommation de l’énergie à l’échelle mondiale6. D’autres entreprises utilisent des données pour proposer de nouveaux types de conseils à leurs clients. Farmerline, une entreprise située au Ghana, associe des données météorologiques et administratives du secteur public à des données exclusives afin de pouvoir envoyer des conseils aux agriculteurs par SMS. Des entreprises utilisent par ailleurs des statistiques démographiques et des registres du commerce pour décider en connaissance de cause de s’implanter ou non sur de nouveaux marchés et, si oui, de quelle manière. Enfin, les entreprises peuvent jouer le rôle d’intermédiaires de données (voir le chapitre 8) en agrégeant et réorganisant des données du secteur public afin de les rendre plus accessibles et plus faciles à utiliser.

L’évolution des secteurs d’activité recourant aux données publiques

Si les entreprises fondées sur des données publiques ont fait l’objet d’études plutôt détaillées dans les économies à revenu élevé7, il existe peu d’informations recueillies de façon systématique sur l’utilisation de données à vocation publique par le secteur privé et sur leur valeur pour l’économie dans les pays à plus faible revenu. Néanmoins, quelques sources ont mis en lumière l’utilisation de telles données par les entreprises, notamment dans les économies émergentes8.

Selon ces sources, les entreprises qui utilisent des données à vocation publique sont actives dans un large éventail de secteurs tant dans les économies à revenu élevé que dans les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire. À l’échelle mondiale, le secteur des technologies arrive loin devant. Dans les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire, le secteur de la recherche et du conseil est le deuxième plus grand utilisateur de données à vocation publique. Les entreprises qui utilisent de telles données sont généralement jeunes avec de faibles effectifs ; la vaste majorité des entreprises mondiales qui utilisent la base de données Open Data 500 Global Network de GovLab ne comptent que 200 salariés ou moins. En ce qui concerne l’utilisation des données, la moitié des entreprises couvertes par l’Open Data 500 basées aux États-Unis utilisent des données issues de multiples organismes publics. Le Bureau américain du recensement est l’une des sources les plus exploitées (16 %). De même, le bureau de statistiques national du Mexique, à savoir l’Institut national de statistiques et de géographie (INEGI), constitue la principale source de données à vocation publique pour les entreprises : 88 % des entreprises déclarent utiliser les données de l’INEGI. Parmi les 200 entreprises situées dans des pays à revenu faible et intermédiaire reprises sur l’Open Data Impact Map, dont les données ont été compilées par le Réseau de données ouvertes pour le développement, les données géospatiales sont le type de données à vocation publique le plus fréquemment utilisé (41 %), suivies des données démographiques (36 %), des données économiques (30 %) et des données sur la santé (27 %).

Ces évaluations indiquent que le secteur d’activité qui utilise des données publiques est bien plus étroit dans la plupart des pays à revenu faible et intermédiaire que dans les économies à revenu élevé. Cette tendance est fortement liée aux difficultés rencontrées avec les données à vocation publique en général9. Bien souvent, les systèmes nationaux de données montrent leurs limites pour ce qui est du volume de données produites, de leur qualité et disponibilité, de leur actualité, de leur transparence et de leur accessibilité (voir le chapitre 2)10. De fait, les entreprises dont l’activité repose sur l’utilisation de données ouvertes interrogées par la Banque mondiale ont déclaré que la piètre qualité, le manque de transparence et l’accessibilité insuffisante des données à vocation publique constituaient des préoccupations majeures11. L’essor des secteurs d’activité fondés sur l’utilisation de données publiques au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine illustre le potentiel que recèlent ces données pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Pour pouvoir exploiter ce potentiel, il convient de disposer de mécanismes de financement et de systèmes nationaux de données intégrés, ouverts et dotés de capacités importantes (voir chapitre 9).

Figure S3.1.1 L’utilisation de données publiques par les entreprises privées génère des revenus élevés aux États-Unis, ce qui montre l’intérêt du libre accès aux données des administrations
Figure S3.1.1 chart

Source: Verhulst et Caplan 2015. Les données de la figure S3.1.1 sont tirées du Data Catalog de la Banque mondiale. © The GovLab. Reproduites avec l’autorisation de The GovLab. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation.

Note: La figure porte sur 500 entreprises américaines. En commençant par la droite, avec le demi-cercle violet, les lignes grises partant des organismes fédéraux montrent quel type d’entreprises du secteur privé utilisent les données de quels ministères ou organismes du gouvernement. La portion du demi-cercle pour chaque organisme ou ministère illustre le nombre d’entreprises utilisant ces données. Sur la gauche, avec le demi-cercle vert, les lignes grises partant du secteur privé montrent quelles catégories d’entreprises utilisent des données gouvernementales et de quels services du gouvernement elles proviennent. Par exemple, les institutions financières et les agences d’investissement utilisent des données ouvertes de 19 ministères et organismes publics américains.

La figure S3.1.1 illustre l’immense potentiel des données ouvertes. Elle porte sur 500 entreprises établies aux États-Unis. Elle révèle qu’une grande partie du secteur privé utilise les données mises à disposition par le gouvernement fédéral, bien que les données de certains organismes soient plus utilisées que d’autres. À titre d’exemple, les entreprises utilisent moins les données du ministère de l’Agriculture que celles du ministère du Commerce (qui héberge les données du bureau américain du recensement ainsi que de nombreuses autres données importantes), comme l’indique la petite portion du cercle attribuée au ministère de l’Agriculture. Néanmoins, on remarquera que des entreprises de sept secteurs différents utilisent les données ouvertes du ministère de l’Agriculture. La figure S3.1.1 montre également que les entreprises de certains secteurs s’appuient sur de nombreux types de données du secteur public. Par exemple, les institutions financières et les agences d’investissement utilisent des données ouvertes de dix-neuf ministères et organismes publics américains. La complexité des connexions révèle les immenses possibilités d’utilisation, de réutilisation et de réaffectation des données. Ce potentiel commence seulement à être exploité, que ce soit dans les pays à revenu plus élevé ou dans les pays à plus faible revenu.

Notes
  1. Lateral Economics (2014).
  2. McMurren, Verhulst et Young (2016).
  3. Hughes-Cromwick et Coronado (2019).
  4. Hughes-Cromwick et Coronado (2019).
  5. Gurin, Bonina et Verhulst (2019) ; Magalhaes et Roseira (2017).
  6. Hughes-Cromwick et Coronado (2019).
  7. Voir, par exemple, Hughes-Cromwick et Coronado (2019) ; Lateral Economics (2014) ; Manyika et al. (2013) ; et Stott (2014).
  8. Voir Morrison et Lal Das (2014) ; Open Data Impact Map (base de données), Center for Open Data Enterprise.
  9. Gurin, Bonina et Verhulst (2019).
  10. Gurin, Bonina et Verhulst (2019).
  11. Morrison et Lal Das (2014).
References